Humidité dans le logement : Quels recours pour le locataire ?

appartement humide

Sommaire

Face à un appartement humide en tant que locataire, il est important de connaître vos droits et les moyens d’action disponibles en tant que locataire. L’humidité peut causer des dégâts matériels et nuire à la santé. La loi stipule que les logements loués doivent être décents et exempts de problèmes d’humidité.

Cet article aborde les droits des locataires, comment détecter l’humidité, les obligations du locataire et du propriétaire, et les solutions pour y remédier. L’humidité peut provenir de défauts de construction, d’isolation insuffisante, d’infiltrations ou d’une ventilation inadéquate. Il est essentiel de déterminer les responsabilités et d’agir pour assurer un cadre de vie sain.

Quand est-ce qu’un appartement peut être qualifié d’humide ?

Un appartement est considéré comme humide lorsque le taux d’humidité relative de l’air ambiant dépasse les niveaux considérés comme sains. Pour un environnement salubre et confortable, un taux d’humidité de 40 % à 60 % est idéal.

Des taux d’humidité supérieurs à 65 % ou 70 % peuvent causer des problèmes de santé sérieux, incluant infections, allergies, et douleurs articulaires. De tels niveaux d’humidité favorisent également l’apparition de moisissures, d’odeurs désagréables et de condensation sur les surfaces froides, telles que les vitres et les sols.

Il existe plusieurs signes visuels et olfactifs indiquant une humidité excessive dans votre appartement. La présence de taches de moisissure noires ou vertes sur les murs, plafonds et meubles, de peinture écaillée, de papier peint décollé, ou de parquet gondolé sont des indicateurs clairs. Une sensation d’humidité persistante sur les textiles, de la buée sur les fenêtres, ou une odeur de moisi sont également des signes que l’air de votre appartement est trop humide.

Les causes d’un appartement humide incluent une ventilation insuffisante, des infiltrations d’eau, la capillarité, ou l’utilisation de matériaux peu adaptés à l’humidité. Identifier ces causes est essentiel pour mettre en place les solutions adéquates afin de résoudre le problème.

Logement insalubre et humidité

Un logement affecté par l’humidité peut rapidement devenir insalubre si l’on ne gère pas correctement ce problème. Le Code de la santé publique, appuyé par le décret n° 2002-120 du 30 janvier 2002, stipule qu’un logement est jugé insalubre s’il représente un risque pour la santé ou la sécurité des occupants ou des voisins.

L’excès d’humidité est l’un des principaux contributeurs à l’insalubrité d’un logement. Il peut se manifester de différentes manières, incluant les remontées capillaires, des moisissures, de la condensation, ou encore la prolifération de champignons. Ces signes sont des indicateurs clairs d’une humidité excessive nécessitant une action immédiate pour prévenir les effets néfastes sur la santé des résidents et sur la structure du bâtiment.

L’humidité excessive dans un logement peut causer de sérieux problèmes de santé, tels que des infections, des allergies, des irritations respiratoires, et des douleurs articulaires. Les enfants en bas âge et les personnes ayant une santé fragile sont particulièrement exposés aux dangers de l’humidité et des moisissures.

Face à un logement insalubre causé par l’humidité, le propriétaire est obligé d’effectuer les travaux nécessaires pour corriger le problème. Si le propriétaire néglige cette responsabilité, les autorités, comme le préfet ou l’Agence régionale de santé (ARS), peuvent prendre des mesures en établissant un rapport et en émettant un arrêté pour résoudre l’insalubrité.

Cet arrêté peut ordonner l’interdiction temporaire ou permanente d’occuper le logement et exiger la réalisation de travaux dans un délai spécifié.

Les résidents d’un logement insalubre ont droit à certains recours, y compris la suspension du paiement du loyer et, si nécessaire, à un hébergement temporaire ou un relogement en cas d’interdiction d’occupation. Il est vital pour les locataires de rapporter toute condition d’insalubrité aux autorités compétentes afin de sauvegarder leur santé et leur sécurité.

Humidité du logement : les 3 recours possibles pour le locataire

1. Réduire votre préavis à 1 mois

Face à des problèmes d’humidité compromettant votre santé ou l’habitabilité de votre logement, vous avez la possibilité de demander une réduction de votre préavis de trois mois à un mois. Cette démarche est conditionnée par la présentation d’un certificat médical justifiant l’impact négatif de l’humidité sur votre santé et la nécessité d’un changement de domicile pour des raisons de santé.

2. Obliger votre propriétaire à réaliser les travaux

Le propriétaire doit assurer que le logement respecte les normes de décence, incluant une protection efficace contre les infiltrations d’eau et un système de ventilation adéquat. Pour le contraindre à effectuer les réparations nécessaires, suivez ces étapes :

  • Signaler le problème : Envoyez une lettre recommandée avec accusé de réception pour informer votre propriétaire des problèmes d’humidité et demander une intervention.
  • Diagnostic : Si nécessaire, prenez rendez-vous pour une inspection du logement avec une entreprise spécialisée afin de déterminer l’origine de l’humidité.
  • Mise en demeure : En l’absence de réaction de votre propriétaire, envoyez-lui une mise en demeure rappelant ses obligations légales.
  • Travaux spécifiques : Les interventions peuvent inclure la réparation des infiltrations d’eau, le traitement des remontées capillaires, l’amélioration de l’isolation, ainsi que la réparation ou le remplacement des systèmes de ventilation.

3. Intenter une action en justice

Si toutes vos tentatives pour faire effectuer les travaux nécessaires échouent, il reste la voie judiciaire :

  • Commission départementale de conciliation : Tentez d’abord de résoudre le litige à l’amiable en saisissant la commission départementale de conciliation.
  • Tribunal : En cas d’échec de la conciliation, portez l’affaire devant le tribunal pour obtenir une réduction du loyer proportionnelle aux désagréments subis ou l’exonération des loyers jusqu’à la réalisation des travaux.
  • Juge des contentieux de la protection : Ce juge peut ordonner l’exécution des travaux nécessaires et sanctionner le propriétaire récalcitrant.

Comment mesurer le niveau d’humidité dans un logement ?

Pour évaluer le niveau d’humidité de votre habitation, vous disposez de plusieurs méthodes et instruments, allant de la plus simple à la plus précise.

Utilisation d’un hygromètre

L’hygromètre, facile à utiliser et précis, permet de mesurer l’humidité en calculant la quantité de vapeur d’eau présente dans l’air et en affichant le pourcentage d’humidité relative. Vous pouvez vous procurer cet appareil dans la plupart des magasins de bricolage ou d’électronique pour un coût avoisinant les 20 euros.

Il est conseillé de placer l’hygromètre dans des endroits stables comme le salon ou la chambre, en évitant les pièces à forte variation de température et d’humidité, telles que la cuisine ou la salle de bain. Un taux d’humidité relative entre 30 % et 50 % est idéal.

Calcul avec un thermomètre à bulbe sec et humide

Sans hygromètre, une alternative consiste à utiliser un thermomètre à bulbe sec et un à bulbe humide. Positionnez les deux thermomètres face à un ventilateur pendant cinq minutes, relevez les températures, puis soustrayez la température du bulbe humide de celle du bulbe sec. Un tableau de conversion vous aidera ensuite à déterminer l’humidité relative.

Test du glaçon

Le test du glaçon, bien que moins précis, offre une méthode facile pour estimer l’humidité. Mettez quelques glaçons dans un verre d’eau et laissez-le reposer cinq minutes. Si de la condensation se forme sur l’extérieur du verre, cela indique une haute humidité. À l’inverse, l’absence de condensation suggère une faible humidité.

Utilisation d’un humidimètre

Un humidimètre est spécifiquement conçu pour mesurer l’humidité dans des matériaux solides tels que le bois, le plâtre ou le béton, permettant de détecter les zones humides. Il existe deux principaux types d’humidimètres : à pointes, qui mesurent l’humidité par résistance, et à radiofréquence, qui détectent l’humidité jusqu’à une profondeur de 20 à 40 mm par contact.

Ces outils sont essentiels pour maintenir un niveau d’humidité adéquat dans votre maison, prévenant ainsi les problèmes de santé et la détérioration des matériaux.

Comment quitter un logement humide ?

Qui du propriétaire ou du locataire est responsable du problème d’humidité dans le logement ?

Dans le cas d’un logement humide, la responsabilité incombe principalement au propriétaire, qui selon la loi, doit garantir un habitat sain et sans danger, incluant la protection contre l’humidité et une ventilation appropriée. Il est aussi chargé de réaliser les entretiens et réparations pour conserver le logement en bon état.

Toutefois, le locataire a aussi des obligations. Il doit veiller à chauffer et aérer régulièrement le logement pour prévenir l’accumulation de condensation. Il est impératif qu’il informe le propriétaire dès l’apparition de signes d’humidité, faute de quoi sa responsabilité pourrait être engagée.

Comment prouver l’humidité et la moisissure dans une maison ou un appartement ?

Pour attester de la présence d’humidité et de moisissure, il est important de rassembler des preuves concrètes. Voici les démarches à suivre :

  • Observation visuelle : Documentez par écrit et photographiez tous les indices d’humidité comme le décollement du papier peint, la peinture qui s’effrite, les taches sur les murs et plafonds, le plâtre qui se désagrège, la condensation sur les fenêtres, les odeurs de moisissure, le bois qui se déforme, et la présence de moisissures.
  • Utilisation d’un hygromètre : Mesurez le niveau d’humidité de l’air avec un hygromètre. Un taux au-delà de 70 % est considéré comme critique.
  • Diagnostic professionnel : Pour identifier précisément les causes et solutions, faites appel à un expert en humidité qui pourra utiliser un humidimètre pour mesurer l’humidité dans les matériaux de construction.
  • Constat d’huissier : Dans les situations extrêmes, un huissier peut officiellement constater les dommages liés à l’humidité, offrant ainsi une preuve juridique de l’insalubrité du logement.

Ces éléments de preuve sont fondamentaux pour entamer des procédures légales ou solliciter une intervention des autorités afin de résoudre le problème d’humidité.

Conclusion

En conclusion, l’humidité excessive dans un appartement peut gravement affecter la santé et le bien-être des résidents. Il est donc essentiel de repérer rapidement les signes d’humidité, comme les moisissures, la condensation et les odeurs de moisi.

Des instruments tels que l’hygromètre, le thermo-hygromètre et l’humidimètre sont essentiels pour évaluer et identifier les problèmes d’humidité. Face à ces problèmes, il est important que le locataire alerte immédiatement le propriétaire et, si nécessaire, engage des démarches légales pour assurer la réalisation des réparations requises.

L’importance de maintenir une bonne ventilation et de procéder à un entretien régulier du domicile ne doit pas être sous-estimée pour éviter les problèmes d’humidité. En cas de logement insalubre, n’hésitez pas à contacter la commission départementale de conciliation ou le juge des contentieux de la protection afin de faire valoir vos droits.

Il est important d’agir sans délai face à l’humidité pour préserver votre santé et garantir un cadre de vie décent et sain.

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Kevin Calatayud